Comment exprimer nos émotions, trouver la clé de notre cœur
On parle beaucoup de l’apprentissage de la gestion des émotions de l’enfant. On nous explique que les bébés pleurent plus le soir pour décompresser, faire sortir le surplus d’émotion, les tentions de la journée. On sait également que les enfants sont aussi plus sur les nerfs quand la fatigue se fait sentir. Mais qu’en est-il des adultes, des parents ?
On garde beaucoup au fond de nous, parce que nous sommes les adultes, nous devons montrer l’exemple à nos enfants. Mais montrer quoi ? Qu’on n’a pas le droit d’avoir des sentiments, d’être fatigué une fois devenu adulte ? Je pense que notre société à oublier de nous dire que les sentiments restaient en nous une fois grand, et que même face à nos enfants. Nous avons le droit de les exprimer. Mais comment faire face à nos sentiments d’adultes ?
Nous devons faire face à nos émotions, apprendre à les reconnaitre, apprendre à les exprimer, à évacuer nos tensions. Cela demande un grand effort de notre part, en tant que parent. Mais le résultat n’est que positif pour l’apprentissage de la gestion des émotions de nos enfants. N’oublions pas que nous sommes leur modèle !
Laisser sortir ses émotions, sans excès
Vous allez me dire que c’est logique. Qu’il est important de laisser sortir ses émotions. Mais grand nombre d’adulte ont de la peine à exprimer leurs émotions, comme lorsque nous étions enfant. Peut-être parce qu’on a été éduqué de la sorte ; à ne pas pleurer, ne pas crier, rester silencieux et obéir sans poser de question. Je ne suis pas là pour faire le procès de nos parents, grands-parents, … Ils ont fait selon les normes sociales de leur époque. Mais aujourd’hui, des études l’ont démontré, il est important pour un enfant d’apprendre à exprimer ses sentiments. Et nous les adultes ?
Nous avons 4 grandes émotions en nous : la tristesse, la colère, la joie et la peur. Et nous devons apprendre à les exprimer, sans trop d’excès, mais en étant honnête avec nous-même.
La tristesse
C’est certainement l’émotion qui nous pose le plus problème. Nous avons tellement souvent entendu les adultes de notre enfance nous répéter “tu es grand, tu ne dois pas pleurer”, ou encore “les garçons ne pleurent pas”, “arrête de pleurer sinon les gens autour de nous vont se moquer de toi”, … Il est donc très difficile de faire abstraction de ces phrases dépassées et aller de l’avant. Mais ça se travail. Une pierre après l’autre, un chagrin après l’autre.
Personnellement, j’ai beaucoup de peine à pleurer, car enfant on m’a dit d’arrêter. J’ai donc arrêté de pleurer. Surtout en public. Je me laisse parfois aller quand je suis seule dans ma chambre, quand ça va vraiment mal. Mais je suis seule, et donc personne pour me consoler. J’aurais parfois aimé, étant enfant, qu’on entende plus ma tristesse et qu’on me console. Aujourd’hui, je n’ai pas le réflexe de chercher cette tendresse, mais j’apprends. Mes enfants m’ont déjà vu pleurer. Rarement, certes, mais c’est arrivé. Dans ces cas-là, j’ai envie de les prendre dans mes bras. Ça me rassure et ça m’apaise.
Mes enfants comprennent que moi aussi je peux parfois être triste et que je pleure, sans excès. Juste ce qu’il faut pour que ma tristesse soit prise en considération et qu’on me console.
La joie
Pour la joie, c’est vrai qu’on a généralement plus de facilité. Quand un sentiment est positif, la société nous pousse à l’exprimer. Mais ce n’est pas le cas pour tous. Il faut savoir être vrai. Montrer notre vraie joie et non une pseudo joie, pour faire plaisir aux gens avec lesquels on se trouve.
J’avoue que pour moi, la joie n’est pas un problème. Je suis une personne souriante et relativement bien heureuse. J’ose rigoler en public quand la joie est grande, j’ai parfois même des larmes qui coulent lorsque le bonheur est grand. Mais je sais que d’autres personnes n’ont pas cette chance et vivent des situations qui les rendent triste ou en colère, ou ils ont constamment peur qu’ils leur arrivent malheur. Je sais que pour ces personnes, il est difficile d’avoir le sourire aux lèvres à longueur de journée.
Alors, mon conseil, c’est de se réjouir des petits riens. Se permettre d’exprimer la joie, même si ce n’est que l’espace d’une seconde. Un regard heureux d’une petite fille dans la rue, le chant d’un oiseau, un bisou de notre fils… un petit rien qui nous donner le sourire pour une fraction de seconde, Et si le rire survient, par surprise laissez-le sortir. Eclatez-vous et profitez du moment présent.
La colère
Ah cette émotion nous pose bien des soucis. On ne sait jamais trop comment l’exprimer. Parfois nous ne nous contrôlons plus. Et je vous l’apprends peut-être mais c’est une réaction biologique. Lorsque la colère monte en nous, il s’agit de sécrétions d’hormones (entre autres l’adrénaline) qui vont nous pousser à gesticuler et s’exprimer fort. Tout le défi est là : apprendre à contrôler cette sécrétion hormonale.
Nous ne réagissons pas tous de la même manière fasse à la colère. Il y a ceux qui l’utilisent, comme technique de défense, de garder ce sentiment enfouit au fond d’eux. Et il y a la 2ème catégorie, dont je fais partie, qui expriment trop leur colère.
Le but est donc d’apprendre à trouver le juste milieu entre ces 2 extrêmes. Ne pas exprimer par des gestes de violence, mais exprimer quand même.
La peur
Ah la peur. C’est un sujet délicat. Parce qu’on a peur (oui c’est le cas de le dire) de transmettre nos peurs à nos enfants, mais en même temps, on sait que leur exprimer nos peurs les aide à grandir. C’est un dilemme dans notre société occidentale.
Moi j’ai grandi avec une maman qui a souvent eu peur, pour elle et pour nous. Je la comprends très bien, c’est une maman, et elle s’inquiétait (elle s’inquiète encore et toujours) pour ses enfants. Je suis devenue une femme et une maman qui a relativement peur de beaucoup de chose. Alors, je me suis posée des questions sur la manière dont je dois faire avec mes enfants, pour éviter de leur transmettre mes peurs, mais tout en leur en faisant part.
Ma technique, la verbalisation. Je le leur dis lorsque j’ai peur. Ça semble anodin, mais ça change tout. Je le dis aussi aux adultes présents. J’ai rédigé un article sur une excursion que nous avons faite dernièrement dans une grotte. En le lisant, vous comprendrez que j’ai eu peur, mais je l’ai exprimé à tous ceux qui nous accompagnaient. Les gens ont entendu ma peur et m’ont encouragé et accompagné. Comme je l’ai d’ailleurs fait avec mes enfants ce jour-là. Allez-vite lire l’article ici, vous verrez, c’est également un article enrichissant.
Verbaliser ses émotions
L’un n’allant pas sans l’autre, pour que nos émotions soient interprétées juste, il faut verbaliser ce qu’on ressent.
Un exemple récent me vient à l’esprit. L’autre soir avec mon mari, nous regardions le dernier épisode de la saison 1 de notre série de l’été “Cameron Black, l’illusionniste”. Comme dans chaque série à chaque fin de saison, on reste avec un suspense pour la saison suivante. Alors j’ai voulu savoir quand la saison 2 allait sortir. Et là grosse frustration en moi… il n’y aura pas de saison 2. J’étais frustrée, fâchée contre les américains (c’est parce que les américains n’ont pas assez aimé la série qu’il n’y aura pas de saison suivante).
Mais qu’était-il en train de se passer en moi ? Je savais que j’étais frustrée, mais mon visage souriait. J’étais là devant l’écran et je souriais. N’importe qui aurait pu dire que ça me faisait plaisir que ce soit la fin. Mais non, car en même temps j’exprimais verbalement ma tristesse, ma frustration, ma colère contre les américains. Je répétais “je suis frustrée, ça m’énerve. Pourquoi les américains n’ont pas aimé la série, elle est trop bien cette série”. Bref, vous voyez l’idée.
Il est donc important de mettre des mots sur nos émotions. Cela nous permet d’informer les autres de ce que nous ressentons, mais également de nous apaiser. Savoir que quelqu’un nous écoute peut également être un moyen de calmer nos émotions.
Quelques conseils quand il s’agit de la colère
Dans le livre “La colère, cette émotion mal-aimée” écrit par Carolle et Serge Vidal-Graf, les auteurs nous proposent quelques pistes pour exprimer nos émotions, en particulier la colère.
- En premier lieu, les auteurs nous conseillent de parler en JE. L’autre personne n’est pas responsable de ma colère, de ma tristesse, de ma peur et je ne suis pas responsable de la colère ou la tristesse de l’autre.
- L’auteur nous propose également d’apprendre à reconnaître les signes précurseurs de nos émotions, et ainsi anticiper nos réactions, afin d’être plus vrai.
- Ils exposent ensuite, la théorie de la Communication Non Violente (CNV) de Marshall Rossenberg (“Les mots sont des fenêtres (ou des murs)). Nous devons prendre la responsabilité de toutes nos émotions, et la cause de nos émotions réside en nous.
Pour aller un peu plus loin dans la CNV, vous pouvez regarder cette vidéo de Les défis des filles zen.
Prendre du temps pour soi, évacuer ses tensions
Je pense qu’on n’en parle pas assez, mais nous avons tous besoin d’une soupape. Une activité, un passe-temps qui nous permette des décompresser des émotions de la journée. C’est essentiel, comme un bébé qui a besoin de pleurer le soir avant de s’endormir.
Pour ma part, j’ai repris une activité physique il y’a plus d’un an. Je fais du foot dans une équipe féminine. Et ça me fait un bien fou d’aller 1 à 2 fois par semaine, courir, taper dans un ballon. Pendant 2h je ne pense plus à rien d’autre qu’à jouer au foot.
Mais ce n’est pas tout, parfois, quand je sens que j’en ai besoin, je me mets à bricoler. Je sors ma peinture, ma colle et je confectionne de jolis objets, juste pour le plaisir. La couture est également une échappatoire qui me permet d’évacuer mes émotions.
Et dernièrement, après le retour de vacances, la pause estivale des entraînements de foot et le manque d’envie de bricoler et coudre, j’en ai eu assez. Je n’avais plus rien pour contenir toutes ces émotions. Parce que, même si j’en exprime passablement, il faut parfois se taire plutôt que de devenir méchant. On évite le conflit sur le moment, mais le sentiment reste au fond de nous. Et puis bon, la tension avec les enfants épuise aussi.
Alors nous avons décidé de faire garder nos enfants 24h et prendre enfin, un temps en couple et avec des amis (sans enfants). Retrouver, l’espace d’une journée, notre liberté de couple. Et je pense qu’on oublie parfois un peu trop, que nous sommes un couple et pas seulement des parents.
Allez lire ça pour approfondir le sujet.
Mes conseils en résumé
- Exprimer ses émotions, laisser sortir nos rires, nos pleures, notre colère, notre angoisse
- Verbaliser nos émotions :
- Parler en JE
- Prendre la responsabilité de nos émotions (CNV)
- Reconnaitre les signes précurseurs de l’émotion
- Prendre du temps pour nous, pour évacuer nos émotions
Nous devons faire face à nos émotions, apprendre à les reconnaître, apprendre à les exprimer, à évacuer nos tensions. Cela demande un grand effort de notre part, en tant que parent. Mais le résultat n’est que positif pour l’apprentissage de la gestion des émotions de nos enfants. N’oublions pas que nous sommes leur modèle !
Ce n’est pas donné à tout le monde d’exprimer ses émotions avec bienveillance. Personnellement, ce n’est pas tous les jours facile, mais j’y travaille. Mon plus grand défi est d’apprendre à exprimer ma colère, sans crier et sans accuser les autres responsables de ma frustration.
Et pour toi, quel est l’émotion qui te donne le plus de fils à retordre ?
Bonjour, et merci pour cet article sincère, et bourré d’émotions ! Justement, c’était le sujet ! Mais tu les exprimes avec une telle simplicité et une grande justesse;. Bravo. Moi, l’émotion avec laquelle j’ai le plus de mal, c’est la colère.. Un livre très intéressant à ce sujet est celui de Thick Nhat Hanh : « la Colère, Transformer son énergie en sagesse ». Il apprend comment accepter sa colère (et ses émotions), en la prenant dans ses bras, comme un enfant. Accepter nos émotions et accepter celle de nos enfants. Cela ne revient-il pas au même ? Si l’on n’est pas capable de faire l’un, comment arriver à faire l’autre ?. On peut travailler indifféremment sur l’extérieur, ou sur l’intérieur, avec les autres ou sur nous-même, on doit tendre au même résultat : commencer par accepter les émotions, donc en prendre conscience, et les laisser passer, les regarder comme on regarderait des enfants jouer..
Salut Christophe!
Merci. Il est très juste ton commentaire. Il est plus difficile d’accepter les émotions de ses enfants si nous n’arrivons pas à accepter les nôtres.
Je vais voir si je trouve le livre que tu mentionnes. Ca m’intéresserait de le lire. Merci beaucoup.
Merci pour cet article très intéressant !
Je pense qu’il est également important d’expliquer nos émotions à nos enfants pour qu’ils sachent notre humeur lorsqu’on vient, par exemple, les rechercher à l’école le soir.
« Aujourd’hui, je suis en colère parce que ma collègue a…. Donc, je risque d’avoir moins de patience, d’être plus énervée mais ce n’est pas à cause de toi ».
Salut Nathalie,
Je suis tout à fait d’accord. Lorsque quelques choses nous tracasse ou qu’on a passer une mauvaise journée, c’est important qu’ils soient au courant et qu’ils sachent que nos réactions sont seront peut-être altérer.
Bonjour
très bon article simple et clair.
Parler des émotions est un sujet important parce que chez les enfants c’est le cerveau droit ( les émotions) qui domine souvent le cerveau gauche ( la raison, la logique). Mais si on ne comprend pas ce qui se passe en eux, on ne peux pas comprendre leurs émotions.
Il faut également dans ce cas pour accepter leurs émotions faire un gros travail sur soit pour avoir plus d’empathie afin de comprendre leur côté émotionnel..