Comment faire confiance à nos enfants
Lorsque nous avons pris pour la toute première fois nos enfants dans les bras, si petits, si fragiles, nous nous sommes promis de tout faire pour qu’il ne leur arrive rien. Oui, mais cela implique-t-il qu’on doive leur interdire de découvrir le monde ? Parce qu’on a peur, qu’on ne fait pas confiance en leur capacités? Je ne pense pas. Je pense justement que c’est en leur faisant confiance et en les accompagnant qu’ils vont pouvoir acquérir les compétences pour éviter certains accidents.
Cela demande un grand travail sur soi, en tant que parent. Il faut apprendre à lâcher prise et avoir les bons mots et gestes pour les accompagner.
C’est là qu’on voit que nous sous-estimons les compétences de nos enfants. Et si nous ne leur laissons pas la possibilité d’apprendre et de faire, ils n’auront pas l’opportunité de nous montrer de quoi ils sont capable.
Dépasser ses propres peurs
La semaine passée Jérémie et moi avons souhaité aller découvrir la glacière de Monlési avec les enfants et des amis. La glacière du Monlési est située dans une grotte dans les hauteurs du canton de Neuchâtel en Suisse. J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre quand nous avons accepté d’accompagner nos amis.
Arrivée sur place, j’étais plus du tout sûre de vouloir descendre dans ce trou avec les enfants. Pour accéder à l’entrée de la grotte, il fallait emprunter un chemin raide et étroit, avec comme seule sécurité une corde métallique accrochée sur la parois rocheuse. Mes enfants sont encore petits, comment allaient-ils réussir à descendre? Vraiment, j’avais de la peine à imaginer qu’ils aient les capacités à affronter une descente pareille. D’habitude, je suis la première à les motiver à dépasser leurs capacités. Mais cette fois, c’était différent. Il y avait réellement un danger. Ils pouvaient glisser, se faire un croche-pied et faire une chute de plusieurs mètre de haut dans des rochers.
Il m’a fallut du courage pour dépasser mes appréhensions et me dire que tout allait bien se passer. J’avais moi aussi peur de tomber et me faire mal. D’autant plus que je portais Kalen en Ergobaby (porte-bébé physiologique) sur le dos. Mais voilà, il faut passer par-dessus nos angoisses et se lancer.
Ne pas leur dire “non”, ne pas les freiner dans leur élan

Elis au début de la descente dans la glacière de Monlési
Jérémie, toujours plus confiant que moi, s’est donc élancé sur ce chemin avec notre fils. Elis était content de suivre son papa dans l’aventure et s’est lancé derrière lui. Je n’ai plus eu le choix. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai suivit. J’avais Kalen sur mon dos et Eleane un pas derrière moi. Nos trois amis se sont mis derrière pour pouvoir nous aider en cas de besoin.
Nos enfants, eux étaient contents de descendre dans se trou. Ils avaient certainement un peu peur, mais ils ont continué à descendre parce qu’ils y arrivaient et qu’on ne leur avait pas dit non. On ne leur a pas dit qu’ils étaient trop petits ou que ça allait être trop difficile pour eux. Non, on les a laissé y aller tout en les accompagnants.
Nous avons tendance à les stopper lorsqu’ils veulent démarrer une expérience qui peut être dangereux. Comme par exemple essayer de grimper seul sur le toboggan, se servir d’un couteau tranchant, utiliser une perceuse… Mais c’est justement en leur laissant essayer, découvrir, faire avec notre soutient qu’ils apprendront à faire juste. Après avoir pu expérimenter et s’entraîner avec notre soutient, ils sauront faire juste et éviter au maximum les accidents.
D’ailleurs, je vous conseil cet article du blog « Plaisir d’apprendre »sur 5 choses dangereuses que votre enfant devrait pouvoir faire
Les accompagner par nos mots
Tout au long de la descente je parlais à mes enfants, je leur disais qu’il fallait bien se ternir. J’ai même du leur rappeler plus d’une fois pour me rassurer qu’ils avaient bien compris les consignes de sécurité. C’était nécessaire qu’ils sachent que c’était dangereux et qu’il fallait respecter ces règles. Ils ont entendu ma peur et on respecté les consignes.
Durant cette aventure, on les encourageais et les félicitais. Il était primordiale qu’ils sachent qu’on avait confiance en leur capacités et qu’ils allaient réussir. Nous étions tous très fière d’eux et il fallait qu’ils le sache. Je pense qu’après chaque petite étape difficile, il fallait qu’on leur exprime notre joie de les voir réussir.
Le plus étonnant dans tout ca, c’est qu’ils n’ont jamais exprimer que c’était trop difficile ou qu’ils n’y arriveraient pas. La puissance des mots d’encouragement est impressionnante.
C’est là qu’on voit que nous sous-estimons les compétences de nos enfants. Et si nous ne leur laissons pas la possibilité d’apprendre et de faire, ils n’auront pas la possibilité de nous montrer de quoi ils sont capables.
Les accompagner par nos actes
Arrivée à mi-hauteur, j’étais certaine qu’on n’irait pas plus loin. Pour continuer, il nous fallait descendre environ 2 mètres par une échelle étroite. Là, j’ai dit, on va pas y arriver. On va regarder depuis ici cette glacière (j’avoue, on voyait quasi rien à cette distance). Mais mon mari, a de nouveau pris les choses en main (heureusement que j’ai un mari comme ça) il est descendu en précédant Elis sur l’échelle.
Elis avait ses mains à côté de celle de son papa. Il descendait un échelon après l’autre, tout en écoutant ce que son papa lui indiquait. Jérémie quant à lui, descendait au rythme de l’enfant, il lui montrait la bonne manière de positionner ses pieds sur l’échelle, comment bien tenir les barres avec ses mains, etc…
Une fois mon fils sur la terre ferme, je me suis dit que finalement il était capable de faire bien plus que ce que j’imaginais avec l’appui de son papa.
L’un de nos amis est descendu avec Eleane sur l’échelle comme l’avait fait Jérémie avec Elis. Et elle aussi n’a eu aucune difficulté à arriver au bout de cette étape de l’aventure.
J’ai donc moi aussi pu descendre avec Kalen. Mon amie m’a proposer de me précéder dans la descente pour surveiller que tout se passe bien pour Kalen. J’ai trouvé sa proposition très pertinente. Car malgré que je sois une adulte, elle a remarqué que j’étais pas à l’aise à l’idée de descendre (surtout avec Kalen dans le dos).
Qu’on soit enfant ou adulte, on a tous dans certaines situations besoin qu’une personne nous propose sont soutient. Et c’est incroyable lorsqu’on est accompagné par quelqu’un, on arrive à se surpasser. Il suffit d’avoir une personne de confiance qui sache nous guider par ses mots et par ses actes.
Vivre la satisfaction de nos enfants

Kalen et Jérémie dans la grotte
Notre petit groupe d’explorateur a donc pu continuer son aventure. Après avoir dû marcher sur un petit tas de neige, nous sommes entrée dans la grotte. Et là, wahou!! Quel spectacle.!!! Une magnifique étendue de glace se trouvait sous nos yeux. Et des colonne de glace se trouvait çà-et-là dans la grotte. Les enfants étaient contents de pouvoir “faire du patin” sur la glace et découvrir ce spectacle.
Cette satisfaction d’avoir atteint son but et de réaliser que sans tous ces efforts ils n’auraient pas vu ce merveilleux endroit. Quoi de mieux que de vivre avec eux ce moment d’émerveillement? Ils y sont arrivés, on y est arrivé ensemble!
Et vous dans quelle situation avez-vous dû faire confiance à votre enfant?
Cet article me touche beaucoup! Je trouve qu’en tant que maman en particulier, on nous fait croire que notre rôle est de protéger notre enfant envers et contre tout. Cela nous met un stress énorme, que nous passons à nos petits loups. Cela est plus ou moins fort selon les cultures aussi.
Chez moi, au Nicaragua, la tendance à la surprotection est très très forte (attention, tu vas te faire mal; non, c’est dangereux; tu es trop petit pour ça…). Combien de fois n’ai-je pas vu ma belle-mère devenir livide parce que mes enfants faisaient des choses qu’elle considérait comme dangereuses!
Au début, je me sentais jugée (si je ne les protégeais pas assez, j’étais donc une mauvaise maman). Et puis ensuite, j’ai réalisé que c’était sa peur. Alors j’ai expliqué à mes enfants qu’ils devaient respecter cette peur de leur grand-mère et ne pas la provoquer en faisant de l’escalade de barrières sous son nez 😉
Depuis, ça se passe mieux pour tout le monde. Et mon aîné est même capable d’expliquer à sa grand-mère qu’elle n’a pas besoin de se faire du souci pour lui, qu’il sait ce qu’il fait et qu’il ne va pas se faire mal!!!
Salut Anaïs!
C’est exactement ça, la société met ce regarde sur nous, sur notre manière de faire. Et on a parfois tendance a oublier qu’on est la pour les guider et non pour les enfermer dans une « prison » sécurisée.
Merci pour ton retour d’expérience!! Je vois que la culture joue aussi un grand rôle dans notre manière de faire et de percevoir ce que fais autrui.
Coucou,
J’ai parcouru ton blog avec attention, merci pour ces chouettes articles!
J’ai trouvé très intéressant cette notion de confiance envers nos enfants… Parce que ce n’est pas inné ou évident de savoir lâcher-prise avec eux et leurs faire confiance au bon moment.
On reste partagé entre l’envie de les accompagner dans leur quête d’autonomie et notre propre besoin de les protéger. A nous parents / mamans de trouver la juste mesure, selon la situation!
Ce que j’ai apprécié dans ton article c’est que tu évoques comment TOI en tant que maman tu as pris sur toi pour ne pas entraver leur élan avec ta propre peur…
A bientôt,
Maïté (les-supers-mamans.com)
Merci Maïté!
C’est exactement cela, cet dualité entre vouloir les protéger et les laisser aller vers l’autonomie.
A bientôt
Shirley