Le doudou (ou objet transitionnel)
Le doudou, cet objet qui réconforte nos enfants, qui les apaisent, mais qui peut être source d’angoisse pour les parents lorsque qu’il a été oublié quelque part. Cependant, connaît-on vraiment à quoi il sert ? Quelle est son importance dans le développement de l’enfant ? Et comment devons-nous réagir en tant que parent/adulte face à cet objet ? Je vous explique, dans cet article, tout ce dont vous devez savoir.
Qu’est-ce qu’un doudou (ou objet transitionnel) ?
Le doudou est un objet choisi par l’enfant à partir de 3-4 mois. Il peut être divers : peluches, tétine, t-shirt de maman (ou papa), un bout de tissus, le pouce, un jouet quelconque, … Il a comme rôle de réconforter l’enfant, d’apporter une présence rassurante, comme celle d’une maman.

Le psychanalyste Donald Winnicott, parle d’objet transitionnel. D’après lui, il n’est pas qu’un objet rassurant comme on nous le mentionne régulièrement. C’est un « espace transitionnel », comme il le nomme, un espace intermédiaire entre la réalité intérieure de l’enfant et la réalité extérieure, ni tout à fait imaginaire, ni tout à fait réel. C’est le lieu de rencontre entre deux réalités (intérieure et extérieure). L’objet transitionnel vit dans cet espace transitionnel et il y tient une place essentielle. En effet, le doudou n’est pas une simple peluche ou un morceau de chiffon parmi tant d’autres, il est chargé de beaucoup de significations et remplit plusieurs fonctions nécessaires à la construction du « Moi » de l’enfant, la construction de son identité.
Un exemple
J’ai lu un jour un texte qui imageait le rôle du doudou. L’auteur, dont je ne me souviens malheureusement pas du nom, nous renvoyait à une expérience commune à chacun : le réveil. Lorsque le réveil sonne et nous extirpe d’un bon rêve, nous avons un sentiment d’amertume. Nous avons parfois besoin de temps pour revenir à la réalité, un petit temps d’adaptation, un temps de transition. Nous pourrions appeler cela l’espace de transition.
En tant qu’adulte, nous avons notre « moi » qui est généralement construit et avons trouvé des moyens de traverser cette transition.
La construction de l’identité de l’enfant
Je parle dans le paragraphe précédent de la construction du Moi. C’est, en fait, une théorie proposée par le célèbre Freud, fondateur de la psychanalyse. Il parle de trois instances de la personnalité : le « Ça », le « Moi » et le « Surmoi ».

Le « Ça » : il s’agit de l’instance psychique qui abrite le siège des pulsions et des désirs refoulés. Il est, en d’autres termes, dirigé par le principe de plaisir.
Le « Moi » : cette instance se construit progressivement à partir du « Ça » au contact de la réalité. Il est le siège de la conscience, mais également des mécanismes de défense. Il est donc dirigé par le principe de réalité.
Le « Surmoi » : il se construit progressivement à partir du « Moi » en intériorisant l’idéal du « Moi » et des interdits parentaux et sociaux. Il est à l’origine de la conscience morale.
L’importance du doudou pour l’enfant (objet transitionnel)
Tous les enfants n’ont pas systématiquement un doudou. Certains trouvent d’autres manières de faire cette transition entre la réalité intérieure de l’enfant et la réalité extérieure. Cependant, lorsque l’enfant a choisi d’utiliser un doudou pour traverser cet espace transitionnel, il est important pour lui d’avoir accès à son objet transitionnel quand il en a besoin.
L’objet transitionnel fait partir de l’extérieur, mais aussi de l’enfant puisqu’il l’a choisi et intégré à lui. L’enfant perçoit cet objet comme un prolongement de la mère qui lui appartient également. C’est un peu de lui et un peu de sa maman.
Chez le nourrisson, l’absence de la mère provoque une angoisse. L’objet transition va donc lui donner l’impression d’avoir la présence de sa mère, la présence du sein en continu. Le doudou va donc avoir une fonction apaisante, rassurante, calmante pour l’enfant, comme si sa maman était présente.
Il est d’autant plus important au moment de l’endormissement où l’enfant va passer du monde de la réalité, au monde du plaisir : le « Ça ». À nouveau, cette transition provoque chez l’enfant une angoisse que le doudou pourra alors apaiser.
Comment se positionner, en tant qu’adulte, face au doudou de son enfant ?

Il est important de ne pas remplacer la présence de l’adulte par le doudou. La maman est indéniablement la meilleure source apaisante pour le tout-petit. C’est pourquoi, de nos jours, dans les maternités occidentales, le nourrisson reste en chambre avec la maman.
Les mamans qui pratiquent le cododo avec leur bébé remarquent également que l’enfant est relativement plus serein à leurs côtés. J’ai moi-même fait l’expérience en prenant mon bébé dans mon lit quand il était trop agité pour s’endormir seul. Lorsque j’essayais de le remettre dans son berceau, il se réveillait en pleurs. Si au contraire, je le gardais le reste de la nuit avec moi, il dormait paisiblement.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’une tierce personne, même s’il s’agit d’une personne de confiance pour l’enfant (papa, nounou, …) la réaction du bébé peut être très différente. Certains se sentiront apaisés par une présence réconfortante qui leur permettra de traverser cet espace transitionnel. D’autres auront besoin de leur doudou, de leur objet transitionnel pour pouvoir calmer leur angoisse.
Il est donc essentiel de comprendre si le doudou leur est indispensable ou non, afin de trouver le meilleur moyen d’accompagner l’enfant dans cette transition.
Quand donner le doudou à son enfant ?
Comme vous avez pu le lire, le doudou, s’il est utilisé comme objet transitionnel, est important pour l’enfant. Le tout-petit devrait y avoir accès lorsqu’il en ressent le besoin. Il est même parfois indispensable lorsqu’il est gardé (crèche, nounou, grands-parents, …) en l’absence de la mère.
Cependant, à partir de l’âge de 2 ans, l’enfant va petit à petit s’en détacher, pour ne l’utiliser qu’exceptionnellement dans des moments plus angoissants. Le doudou sera gentiment délaissé pour laisser place aux échanges avec ses pairs.
Néanmoins, si l’enfant a de la peine à s’en détacher, l’adulte pourra proposer et accompagner l’enfant à avoir son doudou avec lui uniquement pour dormir. L’endormissement reste toujours un moment plus difficile, comme nous l’avons vu au-dessus.
Maintenant vous connaissez l’importance du doudou pour l’enfant. Cependant, comme je l’ai mentionné plus haut, le doudou n’est pas indispensable pour traverser cet espace transitionnel. Alors, vos enfants ont-ils un doudou ou font-ils partie de ces enfants qui utilisent un autre moyen qui leur est propre ?
Très intéressant je ne connais pas l’importance du doudou.
Le doudou ahah une grande histoire pour nous 😉 ma fille n’a toujours accepté que le sein comme doudou ! Il faut dire qu’à bientôt 3 ans, elle est encore allaitée et nous sommes toujours en cododo. Et ça nous convient tout à fait 🙂
En tout cas, ton article est très intéressant, merci 🙂
Merci pour ton témoignage!
C’est la preuve qu’un doudou n’est pas forcément une peluche, comme on le sous-entend la plupart du temps.
Bonne continuation d’allaitement et de cododo !!!
Merci pour cet article cela m’ouvre un peu sur le sujet du doudou.
Ma fille a 11 mois et je n’ai jamais voulu qu’elle est un doudou. Ces sœurs n’en n’ont jamais eu et il n’y a jamais eu de problème ou de crises.
Ce sont des enfants allaités entre 1 à deux ans, peut-être que l’allaitement fait ce travail de réconfort et aussi j’ai pu m’occuper de mon enfant jusqu’à ces 6 mois.
Je n’ai jamais voulu qu’elle est un doudou car j’ai vu les crises des enfants de ma famille et l’angoisse des parents.
Je ne souhaite pas cela et que ma fille soit accro à un objet. Je l’ai habitué à découvrir des jouets, nounours et même doudou sans pour l’autant l’habituer à un seul.
Elle n’a jamais fait de crise, ce n’est pas une enfant qui pleure 😉
Bonjour,
Vos filles ont certainement trouvé d’autres moyens de faire cette transition (peut-être l’allaitement, comme vous le dites?). Le doudou est souvent associé à une peluche ou un bout de tissus, cependant, l’objet transitionnel peut être tout autre. Il peut même exister uniquement dans l’imaginaire de l’enfant.
Votre témoignage est très instructif pour les parents qui s’inquiéteraient que leur enfant n’ait pas choisi de doudou. Je me répète peut-être, mais l’objet en soit n’est pas indispensable pour faire cette transition entre ces deux « mondes ».
Merci pour votre témoignage!!!
Hello Shirley, merci pour ton article très intéressant. Mon fils de 4 ans a depuis tout bébé un doudou et un nuggi. Depuis ces 3 ans il l‘utilise surtout quand il va au lit et parfois à des moments de grandes fatigues. Mais comment faire pour qu‘il aille plus besoin du nuggi et par la suite du doudou ?
À bientôt
Salut Joëlle!
C’est une très bonne question que tu soulève. Pour le doudou, je pense pas que se soit nécessaire de lui retirer, cela ne va pas entraver son bon développement. Je pense qu’à un moment où un autre, il en ressentira moins l’utilité et le délestera progressivement voir subitement. Pour ce qui est du nuggi (lolette), c’est un autre sujet. Son utilisation à long terme peut provoquer un mauvais positionnement des dents et des déformations du palais. C’est pourquoi les pédiatres préconisent de le supprimer avant l’entrée à l’école enfantine (4 ans). Mais comment faire? C’est une autre question. Il faut trouver la bonne solution pour chaque enfant, car on le sait bien, chaque enfant est unique. Pour certains se sera de le donner à un enfant qui vient de naître (un nouveau bébé dans la famille, un cousin,…), pour d’autre de le suspendre sur un arbre à lolette (on en a vue un ce week-end au Tierpark de Winterthur), une autre solution est de demander à l’enfant de le mettre lui-même à la poubelle. Peut-être est-ce un petit fan de fusée, se serait l’occasion pour les grands de construire avec leur papa une petite fusée pour envoyer le nuggi sur la lune. Il faut être créatif et proposer à l’enfant quelque chose qui lui correspond. Bonne chance !!! Et si jamais tu ne trouve pas LA solution, on peut en discuter une fois de vive voix !!!