Les enfants d’aujourd’hui face aux écrans (pourquoi, comment, à quel âge,…?)
L’été arrive gentiment à sa fin. D’ici quelques semaines, le soleil laissera la place à la grisaille de l’automne. Nos enfants, après leur longue journée d’école, auront envie de se détendre devant les écrans (et nous aussi d’ailleurs). Mais savons-nous exactement l’effet des différents écrans sur le cerveau de l’enfant ? Pourquoi nous préconise-t-on des âges minimums pour l’utilisation de la télévision, de la tablette, des jeux vidéo ou d’Internet ? Je vais vous partager ici le fruit de mes longues recherches sur le sujet.
Pourquoi ?
Ce thème me parle plus qu’aucun autre, car avant même d’avoir des enfants, quand j’étais étudiant à l’école supérieure en éducation de l’enfance (ESEDE), j’ai choisi de traiter l’effet des écrans sur les enfants dans mon mémoire.
J’ai rencontré des professionnelles en tous genres (créateur de dessins animés, programmeur télévisé, auteur, …) pour comprendre les coulisses des écrans, et j’ai lu un grand nombre d’ouvrages, dont plusieurs de Serge Tisseron (psychiatre et psychanalyste français). Ce dernier travail, depuis plusieurs années, à promouvoir la limitation des écrans pour un bon développement du cerveau des enfants.
Vous avez peut-être déjà vu, chez le pédiatre, sur internet ou dans un magazine, l’une de ces affiches…
*Affiche de la campagne sur les écrans menée par Serge Tisseron en 2008
Il s’agit des recommandations formulées par M. Serge Tisseron. Nous allons ensemble voir les raisons qui l’ont motivé à proposer ces âges.
Quels écrans à quel âge pour nos enfants ?
Avec l’évolution rapide des nouvelles technologies du numérique, en tant que parents, nous sommes parfois un peu en retard. Il nous est donc parfois difficile de savoir ce qui est bon ou moins bon pour nos enfants. Doit-on autoriser leur utilisation ou non ? À partir de quel âge ? Peut-on le laisser autonome ou serait-il mieux de superviser ?
3-6-9-12, les 4 tranches d’âges recommandées par Serge Tisseron pour protéger les enfants face aux dangers des écrans. Mais que représentent ces nombres réellement et qu’elles sont les conséquences, les risques si on ne l’applique pas, ou au contraire si on les suit à la lettre ? Quels sont les enjeux pour la jeune génération ?
Ces 4 nombres ont été établis par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste français. Ce chercheur a étudié l’effet des écrans sur les enfants et en ressort des conclusions dramatiques. Son ouvrage Enfants sous influence, les écrans rendent-ils les jeunes violents ? (Armand Colin, 2000) est une source d’information. Je vous conseille, en tant que parents de le lire, car il apporte des réponses à beaucoup de nos questions.
Pas d’écrans, tels qu’ils soient, pour les enfants avant l’âge de 3 ans
Les trois premières années de vie de l’enfant sont riches en découverte en tous genres. Le petit enfant a besoin de découvrir le monde à travers ses 5 sens : bouger, observer, demander, mettre à la bouche, sentir, et beaucoup toucher. C’est la base du développement global.
Il s’agit d’une étape indispensable pour que l’enfant développe des compétences qui lui seront nécessaires pour la suite, pour ce lancer dans d’autres apprentissages plus scolaires, plus précis, plus abstraits.
Lorsqu’un enfant si jeune passe trop de temps derrière un écran, il a moins le temps dans la journée pour faire ce type de recherches personnelles, pour être en interaction avec les autres (adultes, comme enfants) et pour évoluer de manière globale. C’est un manque qui ne pourra pas toujours être comblé et aura des répercussions à l’entrée à l’école.
Mais ce n’est pas l’unique raison qui devrait nous motiver à éviter au maximum les écrans pour les moins de 3 ans.
Savez-vous comment fonctionne le cinéma ? Il s’agit d’une suite d’images mise les unes après les autres et visionnées à une vitesse (en général 24 images par second) donnant l’impression que les personnages, les objets et les décors sont en mouvement.
C’est juste une merveille de technologie.
Sauf que, pour les jeunes enfants, un mouvement si rapide des images (ainsi que certains sons) aurait des effets néfastes sur leur cerveau. La télévision pourrait être à l’origine de retard de développement ainsi que de trouble de l’attention.
… il existe des périodes dites « critiques » durant le développement du cerveau qui correspondent à l’existence d’une fenêtre temporelle durant laquelle le câblage nerveux se met en place pour que le cerveau acquière les pièces indispensables à son fonctionnement puis à sa forme finale.
Pour lire la suite de ces riches explications, c’est sur le site le bonusagedesecrans.fr
Ne minimisons pas l’effet des écrans, elles peuvent être irréversibles.
Jusqu’à 6 ans, limiter les écrans et échanger avec l’enfant
En plus des risques expliqués juste avant qui sont encore d’actualité pour les enfants de plus de 3 ans, il va falloir tenir compte du contenu des images.
Même si nous faisons attention à ne pas laisser nos enfants trop longtemps devant les écrans, l’image en elle-même peut entraîner des conséquences.
Lorsque je parle de se soucier de ce que regardent nos enfants, je ne pense pas seulement à mettre un dessin animé adapté à l’âge. Alors oui, « Tchoupi », c’est tout mignon et ce sont des histoires adaptées au plus jeune. « Sam le pompier » a de très bons conseils à donner aux enfants. Pourtant, même dans des séries qui nous semblent pédagogiques et inoffensives, les enfants peuvent ressentir d’intenses émotions.
C’est pour cela qu’il est préconisé d’être avec l’enfant lorsqu’il regarde la télévision ou joue sur un écran (eh oui, dans les jeux vidéo, les émotions sont tout aussi bien présentes).
Pourvoir échanger avec l’enfant sur ce qu’il est en train de vivre, va lui permettre d’apprendre à décrypter ses émotions et apprendre petit à petit la différence entre l’imaginaire et l’abstrait. Car ne l’oublions pas, à cet âge, l’enfant n’est pas encore capable de différencier le vrai du faux.
Accompagner l’enfant dans ces découvertes audio-visuelles est tout autant important que de l’accompagner dans son apprentissage de la marche ou de la propreté. Ne minimisons pas cette étape de l’éducation.
De 6 à 9 ans, l’âge de la réflexion: éduquer aux dangers des écrans et surveiller

Tout en continuant à limiter le temps d’écrans et à fixer les meilleurs horaires, ainsi qu’en aidant l’enfant à décrypter les émotions vécues pendant le visionnage, nous entrons dans une phase d’information ; l’âge des opérations concrètes, parlait Piaget. C’est-à-dire que le cerveau de l’enfant arrive à un stade où il est capable d’avoir une réflexion sur ce qu’on lui transmet.
Nous nous devons de ne pas négliger cet âge et de commencer à expliquer, concrètement, à l’enfant, les effets des écrans, mais aussi l’influence de la publicité et des mensonges dans l’audiovisuel. Car ce qu’on ne nous dit pas, c’est que derrière les belles théories des chaînes de télévision, ils effectuent des recherches pour rendre le téléspectateur accroc, hypnotisé et addict.
Rappelez-vous mon podcast sur les enfants face aux médias, je vous donnais quelques pistes d’actions pour accompagner les enfants dans le développement de leur sens critique.
Parlons, maintenant, d’Internet. Vous avez peut-être remarqué que je ne le mentionne pas dans les catégories d’âges inférieurs. Ce n’est pas un hasard. Il n’est pas nécessaire pour un enfant en dessous de 6 ans d’avoir accès à ce type de support virtuel.
Tandis qu’à l’entrée à l’école primaire, internet devient un outil de rechercher d’informations et de découvertes du monde. Cependant, la vie sur la toile n’est pas sans danger. Il est donc indispensable de former les enfants aux règles de sécurité et d’accompagner les enfants dans les premières années d’utilisation d’Internet.
Regardons les dérives des jeunes (et des moins jeunes) sur les réseaux et formons les enfants le plus vite possible aux dangers de ces plateformes et des médias.
De 9 à 12 ans, l’âge de la raison : communiquer et fixer des règles ensembles autour des écrans
Si jusque-là nous imposions des règles autour des écrans, vers 9 ans, il est important de laisser plus de place à la parole de l’enfant. Décider ensemble du temps que l’enfant peut passer devant la télévision, à jouer aux jeux vidéo ou à surfer sur le net, valorise l’enfant et le responsabilise.
La communication, c’est la base de la relation entre un parent et un enfant. C’est à travers elle, que l’enfant va développer sa confiance en soi, reconnaître sa valeur et accroître la confiance qu’il nous porte.
Cependant, il ne faut pas oublier que la communication est un échange réciproque entre plusieurs personnes. Si nous ne faisons que parler, sans écouter en retour, il s’agit d’un monologue et non d’une discussion. Il est donc important d’écouter nos enfants, d’essayer de les comprendre, d’entendre leurs émotions, leurs ressentis et de trouver une manière de fonctionner qui répond au besoin de chacun.
En tant que parents, nous nous inquiétons du temps que passe l’enfant derrière l’écran et donc, nous aurions besoin de limiter cette durée. Quant à l’enfant, il demande à pouvoir profiter pleinement de ce divertissement. À nous de trouver, ensemble, une limite acceptable par tous.
Si vous cherchez une idée, chez nous, nous fonctionnons avec un système de billes-écrans. Le premier de chaque mois, chaque enfant reçoit un nombre défini de billes qui lui offre, chacune d’elles, 30 minutes d’écrans. Ils sont libres de les utiliser quand bon leur semble durant le mois. Ils ont aussi la possibilité de gagner des billes-films (en dehors de nos soirées film en famille), en collectant des bons points ensemble.
Il s’agit d’une idée, à vous de trouver celle qui convient à votre famille.
Après 12 ans, l’âge de l’adolescence : communication et confiance.
Une fois entré dans l’adolescence, il devient plus difficile d’imposer des limites au jeune, mais pas moins important d’encadrer les temps passés sur les écrans. La dépendance aux écrans (en particulier aux jeux vidéo) est bien connue aujourd’hui et nécessite un travail d’éducation de la part des parents pour l’éviter. Comme mentionné juste avant, la communication reste le meilleur moyen d’y parvenir.
Pour cela, rien de mieux qu’instaurer un climat de confiance dès le départ. Mais attention, une confiance brisée peut engendrer le retour de règles plus strictes. L’accord doit être clair avant de pouvoir lâcher du lest. L’honnêteté du jeune et votre sincérité sont la clé de la réussite.
Pour mieux comprendre le besoin d’indépendance de l’adolescent, je vous laisse aller lire cet article de « Zen People » sur comment Faire Confiance à mon ado ? 4 conseils indispensables à mettre en pratique ! Il vous apportera de bons conseils et une meilleure vision des enjeux de cette phase de transition vers le monde des adultes.
L’enjeu de la société
Chaque âge à ses défis et ses conséquences, c’est tout l’enjeu de les connaître et d’apprendre à nos enfants à utiliser les écrans de manière intelligente et avec parcimonie.
La société de consommation numérique dans laquelle nous évoluons, nous pousse (enfants, comme adultes) à passer de plus en plus de temps derrière les écrans. Aujourd’hui, plus que par le passé, il est indispensable d’apprendre les bons gestes et de développer un esprit critique vis-à-vis des médias en tous genres.
Je vous encourage à limiter le temps d’écran de vos enfants, à surveiller ce qu’ils en font, de les accompagner dans leurs découvertes et de les guider dans l’apprentissage de leur utilisation. Cela évitera de faire face à des conséquences qui peuvent être de plus en plus graves.
Pour terminer, je serais intéressée à avoir votre avis sur les recommandations rédigées par le Dr Serge Tisseron. Vous semblent-elles réalisables ? Un peu à côté de la place par rapport au monde dans lequel nous vivons ? Chaque opinion est bonne à entendre (lire).
Merveilleux article, très bien expliqué le 3-6-9-12
Merci pour ces conseils.. Nous sommes entrés dans la « civilisation de l’écran », adieu les livres et la douceur simple qu’ils procuraient dans les chaumières. Il faut bien vivre avec son époque, mais je dois dire que cet article est plus qu’un rappel utile, c’est un guide à appliquer pour préserver la santé mentale (et je dirais même physique) de la future générale.
Merci pour tous vos conseils très bien détaillés selon l’âge de nos enfants. Cela nous aide à y voir plus clair 🙂