Mon enfant ne me parle pas : 5 principes pour l’aider
Mon enfant ne me parle pas est une information que peu d’adultes s’autorisent à divulguer de peur d’être un « mauvais » parent. Pourtant, il m’est arrivé plus d’une fois d’avoir des parents qui me confient ne pas savoir ce que pense leur enfant : un refus de communiquer, une manière de ne jamais aller dans le fond des choses ou de garder ses sentiments pour soi.
Aujourd’hui, nous allons voir quels sont les outils que vous pouvez mettre en pratique pour améliorer cette relation. Avant de lire ce qui suit, je vous conseille d’être prêt à vous remettre en question et d’accepter qu’on ne change pas les autres, que c’est à nous de faire les efforts pour espérer une ouverture de la part de l’autre.
Mon enfant ne me parle pas, vraiment ?
Un enfant va utiliser divers langages pour communiquer avec nous. Son message est parfois confus et contradictoire : pleurs, cris, mutisme, excitation, énurésie et/ou encoprésie, recherche de limites, … En tant qu’adulte, nous ne sommes pas toujours disposés à comprendre ces propos, mais cela ne veut pas dire que l’enfant n’essaye pas d’exprimer quelques choses. Cela peut être une souffrance, une attente, un besoin.
Si nous regardons l’attitude d’un bébé dans ses premières semaines de vie, il est évident qu’un pleur expose un besoin (faim, sommeil, douleur, …) Nous avons conscience qu’en dépit de ne pas avoir encore la parole, il utilise ce moyen d’expression. Cependant, une fois que l’enfant grandit et apprend à parler, nous pensons qu’il doit être capable de dialoguer. C’est encore plus fort lorsque l’enfant entre dans l’adolescence.
L’objectif, en tant que parent, est d’apprendre, sans juger, à décoder les non-dits de l’enfant, les excès de comportement ou les crises inexpliquées.
La confiance et l’amour sont le moteur de la parole
Pour entrer en communication avec l’enfant, le premier objectif est de créer une relation de confiance. Une fois ce lien fort, l’enfant saura s’ouvrir et exprimer tout, avec ou sans mots. Évidemment cet attachement ne passe pas uniquement par la communication verbale, mais également par le contact physique.
De plus, un amour inconditionnel est nécessaire pour avoir une communication forte et structurante entre un adulte et un enfant. Pour transmettre des valeurs, pour se comprendre dans l’épreuve, pour être disponible et généreux et pour bien s’apprivoiser, l’élément indispensable c’est l’amour. Sans ce sentiment profond, toute communication est faussée.
Un parent aime son enfant, pourtant l’enfant ne le ressent pas toujours ainsi. La raison est que chaque individu est plus réceptif à un langage de l’amour plutôt qu’un autre, comme je l’expliquais il y a quelques semaines ici.
« Une attitude compréhensive et rassurante suffit à communiquer la sécurité et la compassion. »
Gilles Julien, Aide-moi à te parler. La communication parent – enfant
Comment construire une relation de confiance avec mon enfant qui ne me parle pas : les 5 principes.
Pour qu’une relation entre parent et enfant soit saine, il faut commencer par être un exemple pour son enfant. Pour mieux cerner ce propre, je vous invite à aller lire l’importance de l’exemplarité de l’adulte.
Ensuite, vous pouvez mettre en place les 5 principes suivants pour que l’enfant apprenne à avoir confiance et ose s’exprimer sans crainte.
1 Écouter son enfant
Si l’enfant, ne parle pas, comment peux-t-on l’écouter, allez-vous me dire. Cependant, je ne parle pas uniquement de discussion profonde, mais à chaque instant du quotidien : lorsqu’il vous demande de lui fermer son manteau, de lui passer le pain pendant le repas, quand il réclame de pouvoir regarder la télé ou aller voir un copain. Ce sont des interactions qui nécessitent votre attention afin de monter à votre enfant qu’il est important à vos yeux, qu’il compte pour vous.
Car, la communication va dans les deux sens. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas exiger de nos enfants qu’ils nous écoutent si en échange nous ne prenons pas le temps de les écouter à l’heure tour. Comment réagiriez-vous si l’on vous sollicitait sans vous écouter en retour ? À la longue, vous seriez certainement frustré et vous n’auriez plus envie d’écouter l’autre personne.
Je ne dis pas qu’il faut accepter toutes les exigences de l’enfant, mais savoir entendre la demande et répondre avec bienveillance ; en utilisant les principes des deux points suivants, par exemple.
2 Parler en « JE »
Lorsque nous parlons, il est important d’employer la première personne du singulier : le « JE ». L’utilisation du « je » nous rends responsable de nos propos. Ce sont nos pensées, nos ressentis et cela ne reflète pas forcément la réalité de l’autre. De plus, l’utilisation du « tu » est très agressif pour l’interlocuteur. Cela rend les phrases prononcées accusatrices et moralisatrices. Ce n’est pas forcément de cette manière que nous aimerions qu’on nous parle.
Essayer de commencer vos propos par « J’ai l’impression que… », « Je trouve que… » ou encore « Je me suis sentie… ».
D’ailleurs, la CNV (Communication NonViolente) est un bon moyen d’apprendre à ne pas blesser l’autre. Je vous avais déjà partagé une vidéo avec les explications sur ce mode de communication très claire dans un précédent article (que vous pouvez retrouver ici). Pourtant, je vous en partage une autre, toute autant parlante, faite par Olivier Roland.
3 Évitez d’utiliser les termes « JAMAIS », « TOUJOURS » et « ENCORE »
Il y a des termes dans notre langage quotidien que nous n’utilisons pas toujours de la bonne manière. C’est ce qu’il en est des mots « JAMAIS », « TOUJOURS » et « ENCORE ». Ce sont des mots très forts qui signifient une récurrence. Pourtant nous les utilisons trop souvent sans que ce soit pertinent.
« Tu ne m’aide jamais. »
« Tu oublies toujours ton cahier à l’école. »
« Tu as encore été punie. »
Pas besoin d’ajouter plus d’exemple, vous en trouverez certainement d’autres provenant de votre expérience.
Évidemment, comme vous l’aurez compris, ces 3 mots sont à bannir de notre vocabulaire de parents, ou en tout cas à ne pas les utiliser sans raison.
4 Verbaliser ses propres émotions
Ce point-là est particulièrement important car nous avons souvent été éduquer à l’inverse. C’est-à-dire à enfouir nos émotions et les garder pour nous. « Ne pleure pas », « arrête de rire bêtement » ou encore « arrête tes caprices » sont des phrases que nous avons certainement tous entendu dans notre enfance.
Pourtant, on a tous besoin d’exprimer ce que nous ressentons et cela est même essentiel pour notre bien-être et le bien-être de notre entourage. Certes, c’est un apprentissage de longue haleine, mais cela en vaut la peine.
Vos enfants assimilent beaucoup en vous observant. En faisant l’effort de partager vos sentiments, vos enfants apprendront, eux aussi à identifier les leurs et les extérioriser. Ce qui nous amène au pont suivant.
5 Encourager l’enfant à exprimer ses émotions
Ne reproduisons pas ce que nous avons vécu, n’empêchons pas nos enfants d’exprimer leurs émotions, mais au contraire, apprenons leurs à les reconnaître et les manifester.
La peur, la colère, la joie ou la tristesse ne sont pas si évidentes à distinguer les unes des autres. Il va donc falloir accompagner l’enfant dans l’apprentissage de ses émotions pour ensuite apprendre à les verbaliser, puis de les extérioriser de manière « raisonnable ».
C’est un travail difficile, mais votre enfant vous en sera reconnaissant toute sa vie.
En conclusion si mon enfant ne me parle pas…
N’oubliez pas que le plus important dans une relation parent-enfant, c’est d’être à l’écoute de votre enfant et d’être un exemple de communication.
Êtes-vous prêt à travailler sur vous-même pour entrer en contact avec votre enfant ?
« Apprendre à communiquer, savoir communiquer et à utiliser la communication, voilà qui est essentiel pour assurer l’épanouissement d’une personne et de l’enfant en particulier. Pourquoi s’en passer. »
» target= »_blank » rel= »noreferrer noopener »>Gilles Julien, Aide-moi à te parler. La communication parent – enfant
D’excellents conseils ici. L’expression à partir du « Je » est très importante. Aussi parler avec la voix qui résonne dans la poitrine et de façon posée. Cela permet à l’écoute d’être centrée sur le plan émotionnel. Merci à vous
Merci pour ce bel article instructif. Quel exercice difficile que d’être VRAIMENT à l’écoute de son enfant, mais aussi de sa moitié et de son entourage pro et perso. J’essaie pour ma part de m’être en place quelques principes de CNV au quotidien. Au plaisir de lire d’autres articles, Céline LB
La communication avec son enfant est quelque chose de naturel…. il ne faut pas s’inquiéter si elle ne se formalise pas forcément tout de suite et si elle n’est pas « parlée » ! Il y a tant d’autres moyens d’échanger !! Plutôt que communiquer il vaudrait peut-être mieux dire « interagir » je pense. Merci Shirley pour cet article
L’écoute et l’emploi du « Je » sont la clé de beaucoup de choses 😉
Cinq conseils judicieux ! Parfois un support intermédiaire peut être intéressant, comme commencer un dialogue après avoir regardé un film ou un dessin animé, ou avoir lu un livre. Il y a un petit jeu inventé par Winnicott qui s’appelle le squiggle : vous dessinez un « gribouilli » sur une feuille de papier puis vous laissez l’enfant le compléter, ensuite c’est au tour de l’enfant de dessiner un « gribouilli » et à vous de le compléter, et ainsi de suite, sans aller jusqu’à l’interprétation psy, cela favorise le développement de la créativité, la libération des émotions et le dénouement de la parole. Merci pour ton article !
Merci Anne-Angélique de me faire découvrir ce jeu. C’est une activité que je tenterai prochainement avec mes enfants (même sens avoir des difficultés pour communiquer avec eux).