Pourquoi le Unschooling me fait peur

Pourquoi le Unschooling me fait peur


Voilà maintenant plus d’un an qu’Eleane est en obligation d’instruction. En Suisse, tous les enfants qui ont fêté leur 4ème anniversaire jusqu’au 31 juillet de l’année, commencent l’école en août. Il y a certes la possibilité de repousser l’entrée d’une année, mais l’enfant n’échappera pas aux 11 ans de scolarité obligatoire.

Nous n’étions pas très motivé à inscrire notre fille à l’école à 4 ans, mais nous ne voulions pas pour autant qu’elle “perde” une année et se retrouve ensuite avec des enfants plus jeunes. Car se n’est pas parce qu’elle ne va pas à l’école qu’elle n’apprend rien. Nous avons donc opté pour l’école à la maison (ou instruction en famille).

Certains cantons sont favorables à l’instruction en famille (IEF), d’autres sont radicaux et l’interdisent. Nous avons de la chance que notre canton l’autorise, mais sous certaines conditions (contraintes). Nous avons donc fait le choix de ne pas scolariser Eleane et de lui donner cette chance d’évoluer à son rythme. Cette année, c’est au tour d’Elis d’être également, officiellement en IEF.

Qu’est-ce que le Unschooling?

découverte

Eleane et Elis découvre comment sont transporté les troncs d’arbres

Lorsqu’on décide de faire l’IEF, la question du choix de la pédagogie que nous aimerions suivre se pose. Notre cheminement est passé par bien des possibilités. Nous pouvons suivre le programme scolaire comme il est donné en classe, nous pouvons choisir des pédagogies plus innovantes qui ont fait leurs preuves (Montessori, Frenet, Charlotte Mason,…), prendre des méthodes différentes pour chaque matière: Singapour ou les Frères Lyons pour les Maths, les Alphas ou Borel-Maisonny pour l’apprentissage de la lecture,… Ou tout simplement suivre les envies de nos enfants et répondre à leurs demandes en choisissant le support qui nous semble le plus adapté à la situation.

Et bien c’est ça le Unschooling. Aller au gré des envie de nos enfants, découvrir avec eux le monde qui nous entoure: S’arrêter au détour d’une sortie au parc pour observer la nature et essayer de la comprendre, aider dans le quotidien à la maison et faire des découvertes incroyable (comme le fonctionnement d’un aimant, le système de mesure pour la pâtisserie,…), aller à la rencontre des gens de tous âges, de toutes confessions. Tant d’exemples d’apprentissage fait chaque jour par les enfants, avec leur envie de découverte, leur intérêt pour tout ce qui les entoure.

Mais si c’est si génial pourquoi avoir peur de faire du Unschooling?

Ce que pense la société

Parce que la société nous fait croire que nos enfants seront des incultes, ne sauront jamais lire, ne saurons pas écrire et ne pourrons pas se débrouiller dans la vie. Parce que ne pas être assis toute la journée sur une chaise à regarder un tableau noir et écouter un adulte débiter des informations à la chaîne n’est pas bon pour l’avenir de nos enfants. Qu’ils ne seront pas capable d’affronter les épreuves de la vie professionnelle et leurs frustrations. De plus, ils seront asociaux car ne fréquenteront pas les enfants du même âge qu’eux toute la journée, du matin jusqu’à l’après-midi.

Est-ce la réalité? Je suis convaincue du contraire.

Ce que nous pensons

Nos enfants grandissent libres, mais sont heureux. Nos enfants sont cultivés et avides d’apprentissage. Nos enfants ont des amis de leur âge, mais s’adapte parfaitement au contacte des autres générations.

Malheureusement, il faut toujours se justifier et démonter que nos enfants ont un potentiel, et que nous leur donnons les moyens de développer leurs compétences. Il faut prouver que jouer est un excellent moyen d’apprentissage, malgré les nombreuses études déjà faites là-dessus. Il faut décrire les compétences de nos enfants pour démonter qu’ils ont acquit un niveau similaire, voir supérieur à leurs pairs.

Alors oui, le Unschooling est un très bon mode de vie qui permet énormément d’apprentissage à nos enfants, mais devons nous mettre toute notre énergie à défendre notre point de vue au détriment de la qualité de la relation avec notre enfant? Devoir passer notre temps à défendre nos idées, se justifier pour avoir le droit de continuer notre vie?  Là est toute la question.

Alors comment faire pour allier unschooling et exigences?

Cette question je me la pose depuis un moment. Je réfléchis, je lis et j’essaye de voir les côtés positifs plutôt que le négatif. Je souhaite voir mes enfants libres et heureux. Je souhaite leur donner les outils pour affronter notre monde en constante évolution. Alors oui, le unschooling est un moyen d’y parvenir, mais pas le seul.

Proposer des jeux

Dans mon idéal, je souhaiterais pouvoir laisser mes enfants le plus libre possible, tout en leur proposant de temps en temps des jeux, exercices ou ateliers dans le but de leur faire découvrir des notions demandés par le plan d’étude romand (il s’agit des objectifs a atteindre à chaque cycle/niveau). Tout en ne les forçant jamais. Et puis bien sur, utiliser leur questionnement pour apporter de la matière.

Il faut donc toujours avoir les objectifs dans un coin de la tête, observer nos enfants et voir si une notion aurait besoin d’être vu avec notre aide.

Faire confiance à nos enfants

Le dernier point, et pas le moins important, c’est de faire confiance à nos enfants. C’est peut-être bête, mais pour moi c’est la base si l’on souhaite faire du unschooling. Comment pouvons-nous laisser nos enfants libre de leur choix, libre de leur apprentissage et libre de leur découverte si nous ne leur faisons pas confiance.

lecture

Elis et le monde du cirque

Il m’a fallu plus de 6 mois d’instruction pour lâcher prise et commencer à leur faire confiance. Ce n’est qu’une fois l’hivers passé que j’ai réussi à les laisser libre. Et étonnement depuis cette prise de conscience de ma part, ma fille développe certains domaines qui la bloquaient auparavant.

Et le plus étonnant dans tout ça, c’est que se sont nos enfants qui viennent nous chercher pour qu’on étudie avec eux. Ma fille, passionnée de math, me demande régulièrement à faire des exercices avec elle. Si je devais l’évaluer, je dirais qu’elle a le niveau de début de CP (3H pour les Suisse). Mais vient officiellement de commencer sa GS de Maternelle (2H). Pareille pour Elis, 4 ans et demi, qui commence de lire des mots. Il aime les lettres autant qu’Eleane aime les chiffres. Alors pourquoi leur priver du plaisir de découvrir leur utilisation.

Et là je ne vous ai parlé que des matières dites “principales”. Mais si on regarde l’étendue de leur intérêt pour la nature, pour le monde, pour la technologie, pour les langues étrangère et j’en passe, c’est impressionnant. Je souhaite les laisser aimer apprendre, aimer découvrir et aimer la vie.

Nos projets futurs, dont je vous parlerez d’ici quelques mois, vont également dans cette optique de vie. Alors abonnez-vous pour ne pas manquer mes prochains articles.


Pour les Suisses qui souhaiteraient se renseigner sur l’instruction à la maison. Voici un document qui regroupe les législations de tous cantons sur le sujet.